Bernard Buffet est un peintre français expressionniste du 2Oème siècle. Il est également aquarelliste, et illustrateur. On lui doit notamment les illustrations du journal de Françoise Sagan, Toxique. Ceux qui connaissent Bernard Buffet et son œuvre ne peuvent ignorer l’omniprésence des clowns dans son œuvre. Souvent comparé à ses modèles en raison de leur traits tristes et sombres, Bernard Buffet a tenté d’exprimer son mal-être au travers des clowns, comme pour personnifier ses sentiments que beaucoup ne comprenaient pas.
Clowns et tristesse
Les clowns peints par Bernard Buffet ont un point commun : celui d’être tristes. La plupart si ce n’est tous, ont les mêmes particularités physiques. Ils sont grands, minces, ont l’air abattu et le regard malheureux. Le visage des clowns est allongé et ridé, volontairement affreux, et légèrement misérable. Il y a un paradoxe notable dans ces tableaux qui mettent en scène des clowns sombres dans un univers joyeux où la musique et les rires sont de rigueur. Le contraste est d’autant plus troublant que les clowns de Bernard Buffet ont toutes les caractéristiques d’un clown au sens où on l’entend : le maquillage, les instruments et la tenue, au sein d’un décors propice à la fête et la célébration.
Le tableau La Danseuse, dans la série des clowns musiciens est un parfait exemple de cette opposition, qui peut parfois mettre mal à l’aise le spectateur. Dans ce tableau, trois clowns musiciens et une danseuse partagent la scène. On peut entendre la musique qui s’échappe de ce tableau mais aussi ressentir l’atmosphère morose et pesante. La scène représentée semble continuer sous nos yeux comme si le temps s’était arrêté. Un terrible arrêt sur images. Il est difficile pour celui qui observe ces clowns de s’émerveiller devant la tristesse qui en ressort. On se prête alors à deviner ce qui pousse ces 4 artistes au désespoir et surtout, quel est l’effet recherché par Bernard Buffet. Le
peintre expressionniste, que l’on sait brillant mais aussi mélancolique, a voulu à travers ces personnages, exprimer son mal être et son incapacité à être heureux. Le regard des clowns est l’élément qui provoque le plus d’émotions, bien que sans émotion pour la plupart. On peut lire dans leurs yeux le désespoir d’hommes qui n’ont plus la force de se battre.
Les clowns et leur dramaturgie
Bernard Buffet a réalisé une large série de tableaux consacrée aux clowns, dans différents univers, seuls ou accompagnés, mais toujours aussi tristes. L’aspect dramatique qui est présent dans ces tableaux ne peut être dissocié du parfum d’après-guerre qui flotte sur la France de cette époque, qui malgré la fin de la guerre paye encore le prix de ces traumatismes. Des traumatismes que l’on peut voir sur le visage des clowns, l’air inquiet et l’émotion instable. Les rides sur le front des clowns ne traduisent pas la vieillesse mais plutôt l’angoisse et le souci, palpable.
Le
thème des clowns dans l’œuvre de Bernard Buffet est récurrent et se rapproche sensiblement de ses autres créations en termes de couleurs et d’émotions transmises. Ils font parti de la signature de l’artiste aux couleurs sombres et aux traits fins. Le contraste présent dans tout ses tableaux sont l’expression de l’instabilité du peintre qui n’a cessé d’osciller entre peine et joie et n’a finalement jamais réussi à trouver sa place au sein de ses contemporains.
Bernard Buffet a peint une cinquantaine de tableaux sur les clowns, tout aussi déroutants les uns que les autres. Pour certains d’entre eux, le maquillage est indispensable pour pouvoir identifier le clown tant les expressions sont neutres. Thématique récurrente, le clown de Bernard Buffet se réinvente à chaque fois. Ces personnages de cirque qui dénoncent avec justesse le cirque de la vie et l’illusion du monde font réfléchir le spectateur sur son propre état. Est-il heureux ou fait-il semblant ? Sommes-nous tous des clowns tristes ? L’œuvre de Bernard Buffet invite à la réflexion de tous ceux qui croisent sa route.
L’artiste laisse derrière lui près de 8000 œuvres dont une cinquantaine dédiée aux clowns. Jadis mis de coté par ses pairs, Bernard Buffet se refait petit à petit une place dans le monde des artistes peintres français. De nombreuses expositions temporaires lui sont consacrées aux quatre coins du monde et il continue de fasciner par sa complexité et son génie incompris.